Le tirage au sort
Patrick Beesley, Directeur des Équipes de France, revient sur le tirage auquel il a assisté dans les grottes de Postojna en Slovénie : « Est-ce un bon tirage ? Je ne vais pas me risquer à ce jeu. Je rappelle que le premier tour est relativement piégeux : 3 équipes sur 6 sont éliminées. Le tirage est relativement abordable, après ce sera la porte ouverte car on ne sait pas trop qui va se qualifier dans le groupe B. Mises à part la Lituanie et la Serbie, c’est un peu ouvert. A ce stade du tirage il ne s’agit pas de dire qui on évite ou qui on n’évite pas. Au regard de l’ambition que l’on a avec l’Équipe de France il ne faut pas refuser l’affrontement : les bonnes équipes on va les rencontrer. On ne les rencontrera sans doute pas au premier tour, mais sur la route des quarts de finale on aura forcément à faire à de gros morceaux et nous sommes prêts pour cela. »
Vincent Collet, l’entraineur de l’Équipe de France, livre également son sentiment sur le groupe A : « Comparé à celui de 2011, le premier tour me semble plus abordable. On était en gros danger de non qualification en 2011, alors que là si on fait le travail on devrait passer. Après, comme le dit Patrick, on devrait être opposé à l’école Yougoslave ou à la Lituanie. Quoi qu’il en soit une grande école de basket. Ce qui est intéressant aussi c’est qu’on devra être concentré d’emblée puisqu’on commencera tout de suite par l’Allemagne puis la Grande-Bretagne qui sont a priori les 2 meilleures équipes de notre groupe. Contrairement à 2011 où on avait joué la Lettonie et Israël, on devra être prêt d’entrée. L’Allemagne faisant figure avec nous de favorite du groupe. »
Le technicien se projette sur la suite de la compétition : « Force est de reconnaître qu’il y a des équipes un peu plus faibles dans le groupe A, mais malgré tout il faut se qualifier. Le premier et le deuxième tour sont un peu plus cléments, mais pour le quart de finale, quand on voit la composition du groupe C et surtout du groupe D on peut s’attendre à un quart de finale redoutable même en étant premier à l’issue du 2e tour. Il y a au minimum quatre équipes qui sont dangereuses dans les groupe C et D.»
Quelles sont les ambitions de la France ?
Pour Vincent Collet, la France a des ambitions pour cet Euro mais attention, « la France n’est pas l’Équipe favorite. Elle fait partie des favoris. Il faut éviter la prétention. Déjà il n’est absolument pas sûr que l’Espagne viennent sans ses joueurs majeurs, ce sont des discussions de couloir du mois d’août. Tâchons déjà nous d’arriver avec les nôtres, ce serait déjà une très bonne nouvelle. Et puis il y en aura d’autres comme la Slovénie, la Serbie qui va revenir gonflée, et quelques autres. Pourquoi pas le Monténégro, méconnu, mais qui a battu les serbes lors des derniers éliminatoires. Sans parler des russes qui ont peut-être perdu leur coach mais ils vont bien le remplacer. Et puis c’est une équipe avec des joueurs qui montent et, un peu à notre image, avec des joueurs qui ne sont pas encore sur la pente descendante. Il y a forcément 3-4 équipes qui sont au minimum à notre niveau. Je ne sors pas le parapluie, on a nos ambitions. Mais on a jamais gagné, on est arrivé en finale en 2011 mais il y a encore un pas énorme entre être finaliste et gagner. Alors ne pavoisons pas et mettons nous au boulot. »
Il faut se méfier des rumeurs concernant l'Espagne
Quant aux rumeurs sur une équipe espagnole moins forte en Slovénie, Vincent Collet n’y croit pas. « Je pense que l’Espagne viendra avec Rubio, j’en ai la conviction. Qu’elle vienne sans les Gasol, je n’en suis pas du tout convaincu. Il y a une forme d’intox dans laquelle il ne faut pas sombrer. Il faut être prêt de toutes façons à gagner contre les meilleurs. N’oublions pas que nous avons battu les espagnols en 2010 sans Pau Gasol, et bien j’aimerais qu’on les batte avec Pau Gasol. »
Quel sera le visage de l'Équipe de France ?
Concernant l’Équipe de France version 2013, l’entraineur a déjà son idée. « On va garder une ossature, il y a des joueurs qui restent incontournables. Mais on va également ouvrir aux jeunes, c’est le principe d’une Équipe de France. Mais ça, on va le faire en concertation avec le Directeur Technique National, Jean-Pierre De Vincenzi, avec Patrick Beesley, et avec mes assistants. Ce sont des discussions qu’on a déjà eues à l’occasion du débriefing des Jeux Olympiques de Londres. On part sur une nouvelle olympiade. Il est clair que la porte est ouverte aux jeunes, il y a des joueurs que j’aimerais tester. Il y a clairement de nouveaux joueurs qui peuvent intégrer cette équipe. On va chercher à l’optimiser, à la rendre encore meilleure. Ce n’est pas du tout fermé. »
L’occasion de revenir sur le cas Batum qui effectue un début de saison tonitruant. « A titre personnel, le début de saison de Nicolas Batum me fait plaisir, tout le monde connaît le lien que j’ai avec Nicolas. Ensuite pour l’Équipe de France, c’est aussi une très bonne nouvelle. Les joueurs font souvent en Équipe de France le copier-coller de ce qu’ils font pendant la saison en club. Lorsqu’un joueur est brillant en club, souvent il enchaine en sélection. C’est dommage à ce sujet que Tony ait eu ce problème à l’œil à l’issue de la magnifique saison qu’il a faite l’an dernier. Pour Nicolas c’est forcément quelque chose de positif. C’est déjà un joueur majeur de la sélection mais il est appelé à prendre de plus en plus de responsabilité. Son début de saison en est la confirmation. Il en est conscient, l’objectif pour lui maintenant est d’enchainer les performances, ce qui est toujours très difficile. Après une dizaine de matches il a quand même un niveau moyen qui est remarquable et j’accueille cela avec beaucoup de plaisir. »
A Chicago, Noah a lui aussi bien commencé sa saison. « Je souhaite que Joakim Noah revienne en Équipe de France. Pour moi c’est clairement un titulaire indiscutable à la condition qu’il vienne. On a beaucoup de bons intérieurs, on en voit beaucoup qui font des choses très intéressantes et on a vu cet été que malgré tout on avait pu exister. Mais il n’empêche que Joakim nous permettrait de placer notre équipe à un niveau encore supérieur. Il a montré il y a deux ans que malgré une préparation écourtée, il avait apporté son énergie, sa taille, et il avait changé la donne. Comme Nicolas Batum, il progresse. On voit sur le début de saison que Joakim a étendu son registre offensif et c’est une bonne chose pour nous. Il confirme une vraie adresse à 4-5 m face au panier et même sur les mouvements, je trouve qu’il prend confiance. »
Ne cherchons pas à être champion d'Europe avant l'heure
« C’est sans doute l’année où la France a le plus de chance de remporter l’Euro. Les jeunes joueurs arrivent à maturité et la génération Tony est à un âge où ils sont dans la performance, c’est le meilleur âge. C’est peut-être une année de croisement. Gagner une compétition c’est quelque chose d’énorme il ne faut pas faire d’erreurs. En 2011 on a fait un parcours remarquable et une mauvaise finale. Pour gagner il faut aussi être bon en finale. Il faut qu’on joue avec un niveau constant. J’attends la compétition avec impatience et je souhaite qu’on ait un maximum d’armes, c’est à dire de joueurs. Après il faudra être bon du 4 au 22 septembre. Ne cherchons pas à être champion d’Europe avant l’heure. Préparons nous du mieux possible. Il faudra faire une préparation top niveau avec beaucoup de concentration et de travail. »
« Les équipes qui vont au bout sont celles qui ont la capacité de progresser pendant la compétition. Le premier tour doit nous le permettre, monter en puissance progressivement et arriver au top sur la dernière semaine, là où tout se joue. »