Georgy Adams, sous les parquets la plage
Les sports traditionnels ne manquent pas à Tahiti. Entre les courses de pirogues polynésiennes, le lever de pierres ou le lancer de javelot, les habitants perpétuent ainsi leur culture. Les sports collectifs ne sont pas délaissés pour autant. Pour une île d’à peine 200 000 habitants, chaque discipline possède son propre championnat. Certains talents ont même traversé les océans pour s’exporter dans l’Hexagone. C’est le cas du footballeur Marama Vahirua qui a fait les belles heures du FC Nantes ou du shooteur Georgy Adams, figure marquante de la balle orange dans les nineties. Né à Papeete, il fait ses premiers dribbles à l’AS Aorai, l’un des cinq clubs de la ville. Même si la fédération tahitienne de basket est autonome, elle reste affiliée à la fédération française. Le championnat est composé d’une poule de huit équipes avec des playoffs et une finale jouée au meilleur des cinq matchs. Remporter le titre a une double importance. Non seulement, le vainqueur règne sur la Polynésie Française, mais en plus s’octroie le droit de participer à la finale de la Coupe du Pacifique contre le champion de Nouvelle-Calédonie. A la clé, une qualification pour le sixième tour de la Coupe de France. Selon les observateurs, le niveau de la finale tahitienne est proche des équipes de Nationale 3. Un niveau que Georgy Adams veut largement dépasser. Debout à 5h00 du matin, il se rend seul à la salle pour peaufiner son shoot. Un rat de gymnase acharné pour qui Tahiti devient rapidement trop petit. Aussi, lorsque adolescent, il domine l’île de la tête et des épaules, il prend la direction de la métropole.
A seize ans, il pose ses valises au Tours Basket Club. Rapidement, l’essai est décevant. Georgy alterne un peu trop entre les cours et les parquets à son goût. Les deux ou trois séances hebdomadaires d’entraînement ne lui suffisent pas pour atteindre son objectif : devenir basketteur professionnel. Frustré, il plie bagage pour revenir sur ses terres tahitiennes. Il entre alors en contact avec Jean-Claude Bonato. L’ancien tricolore, champion avec Antibes en 1970, est de retour dans son club de cœur. Il remplace le coach Djordje Andrijasevic parti au Caen BC et veut rapatrier Adams sur la Côte d’Azur pour le tester. Cette fois, la rigueur de Bonato correspond complètement avec l’état d’esprit du Polynésien. Comme un poisson dans l’eau à Antibes, il découvre une ambiance familiale propice à sa progression. Agé d’à peine dix-neuf ans, il intègre le groupe pro, utilisé à dose homéopathique le temps de cinq petits matchs. La montée en régime se fait dès la saison suivante en 1986-87, où Georgy fait pleinement partie des rotations de Bonato. Malgré son jeune âge, il n’hésite pas à dégainer dès qu’une position est ouverte. Avec plus de 40% à 3 points, le Tahitien aurait tort de s’en priver. Sixième de la seconde phase du championnat, Antibes est stoppé en playoffs par le futur finaliste limougeaud. Mais, l’air azuréen réussit plutôt bien à Adams qui passe encore un cap l’année suivante. En 20 minutes de temps de jeu, il franchit les 10 points de moyenne. Son arme principale, son shoot travaillé si durement plus jeune. Dans les chiffres, cela donne 55,1% aux tirs, 46,2% à 3 points et 80,5% aux lancers ! Le championnat de France découvre la chevelure bouclée du Tahitien, inarrêtable les soirs de main chaude comme dans la victoire à Nantes où Adams plante 34 points à 12/19 aux tirs. Sa bonne campagne individuelle n’empêche pas Antibes de finir avec un bilan tout juste à l’équilibre. L’équipe est en perte de vitesse après une élimination sans gloire en playoffs contre Mulhouse, pourtant situé derrière au classement. Et ce n’est qu’un avant-goût de ce qui attend les Azuréens en 1989.