Dans quel état d’esprit avez-vous retrouvé les joueurs après cette semaine de break ?
L’état d’esprit est dans la même ligne que celui du TQO. Il y avait beaucoup d’enthousiasme hier à l’entrainement. On a bien repris le travail et je suis agréablement surpris par la séance d’hier. Elle a laissé des traces, il y a des joueurs qui avaient un peu mal aux jambes ce matin. Plusieurs joueurs sont partis en vacances, ce qui a permis à chacun de se régénérer. Beaucoup de joueurs n’avaient pas eu d’arrêt entre la fin de la saison en club et le début du stage avec l’Equipe de France. Ça a permis un peu de décompresser, mais malgré tout j’ai trouvé qu’ils étaient en forme hier.
Les JO de Londres en 2012 étaient les premiers de cette génération, certains joueurs ont regretté par la suite d’avoir été un peu spectateurs. Est-ce que vous en parlez entre vous pour aborder Rio ?
On en avait beaucoup parlé à l’époque mais l’important c’est de le vivre pour apprendre à gérer l’événement. Il y a ce côté magique des Jeux dont on ne peut pas faire abstraction. Il y a une petite perte de concentration et il faut apprendre à se reconcentrer pour les matches. Il y a des journées de repos. La programmation est un peu différente d’un championnat d’Europe dans lequel on joue tous les jours. Il y a des temps faibles pendant lesquels on peut plus profiter des Jeux et il y a des temps forts les jours de match où là, la concentration doit être maximale. Les joueurs en parlent entre eux. Pour le moment on est loin de la compétition ça ne vaut pas la peine d’y penser maintenant.
Il y a des joueurs qui ont été champions NBA, champions d’Europe en club et avec l’Equipe de France en 2013. Les Jeux Olympiques, c’est un cran au-dessus ?
On sait que le basket est le premier sport collectif aux JO. A l’inverse du football, au basket les Jeux sont au-dessus de la Coupe du Monde. Ça reste l’événement planétaire numéro 1 en ce qui concerne le basket.
La pression est-elle différente que celle ressentie pour la préparation du TQO ?
La pression c’est quelque chose dont on nous parle tout le temps et dont nous parlons moins entre nous. Il faut bien comprendre que de la pression il y en a tout le temps de toute façon. Ce n’est pas quelque chose auquel on pense en permanence. Par contre ce à quoi on pense c’est la préparation. On pense à cette préparation par étage. Le TQO c’était l’esprit commando parce qu’on avait très peu de temps pour se qualifier. Maintenant on met à profit les 15 jours de préparation supplémentaires pour améliorer notre fond de jeu. A la fois sur les aspects offensifs et défensifs, de franchir un cap. On a vu au TQO qu’on était capable de faire un certain nombre de choses, mais que quand on était en difficulté, notre jeu pouvait rapidement se déliter. On va essayer sur ces 15 jours de répondre à d’avantage de problèmes posés. Ce qui ne manquera pas d’arriver pendant la compétition.
La préparation cette année s’est déroulée dans de meilleures conditions que celle de 2012 ?
Notre préparation a été moins chaotique qu’il y a 4 ans. On va profiter des 15 jours qui viennent pour progresser. Il y a un certain nombre de choses qu’on n’a pas très bien faites à Manille et qu’on veut améliorer. Il est clair que la préparation pour le moment est largement meilleure que celle qu’on avait pu faire avant Londres. Tony Parker et Nicolas Batum n’avaient quasiment pas fait d’entrainements collectifs. Tony avait pu s’entrainer seulement 10 jours avant le début des Jeux et Nicolas s’était entrainé collectivement pour la première fois la veille du premier match contre les Etats-Unis.
L’équipe est-elle meilleure que celle de 2012 ?
Je pense que nous sommes mieux armés au niveau de l’effectif qu’il y a quatre ans, mais je pense aussi qu’il y a l’expérience du groupe qui va compter. Le groupe n’a pas beaucoup évolué. Il y a 6 joueurs qui étaient à Londres, soit la moitié de l’équipe. Ça fait quand même une ossature solide. C’est clair que c’est un avantage pour appréhender cette compétition.
Comment avez-vous perçu la motivation de Tony Parker lors de la finale du TQO à Manille ?
Quand Tony a mis ce panier à 3 points devant le banc, on s’est dit avec Ruddy (Nelhomme) et Jacky (Commères) qu’il voulait vraiment y aller. C’était impensable dans sa tête de rater cet événement. Ça aurait été tellement cruel de finir sa carrière sur une défaite dans ce TQO, loin de tout. En plus la finale était le même jour que la finale de l’Euro de foot loin de la France, loin des médias. Le fait d’aller aux Jeux changent beaucoup de choses car ça lui permet d’espérer de finir de la meilleure des façons.
Pour certains joueurs c’est la dernière occasion de disputer les Jeux, ressentez-vous une tension particulière ?
Ça apporte de l’énergie supplémentaire et de la détermination supplémentaire. De la pression il y en a tout le temps mais là c’est surtout de la détermination. Ces joueurs-là sont prêts à tout donner. Ils ont déjà joué des choses, gagner des choses mais c’est sûr que là c’est un objectif qui dépasse tous les autres. On sent au quotidien qu’ils sont déjà en mission.
Pouvez-vous revenir sur votre choix de ne pas avoir sélectionné Evan Fournier ?
Concernant Evan Fournier, si on fait un retour en arrière j’avais dit qu’il fallait déjà se préoccuper des présents. J’ai considéré que les 7 joueurs extérieurs avaient très bien rempli leur rôle. Des rôles différents. En ce qui concernait l’équilibre dans ce secteur-là, j’ai trouvé qu’on avait été très performant. Autant à l’intérieur on a connu des difficultés qui pouvaient en annoncer d’autres dans le tournoi olympique, autant j’ai trouvé qu’on avait un niveau de performance à l’extérieur qui était vraiment très intéressant. Quand les gens voient les choses de l’extérieur ils peuvent se poser des questions. Moi-même avant de partir pour Manille, je pensais intégrer Evan Fournier après le TQO, je le dis clairement, parce que je pensais qu’au moins un des joueurs extérieurs ne seraient pas tout à fait convainquant et ça n’a pas été le cas. Après, pour des questions d’équilibre, je n’ai pas voulu modifier. Il y avait aussi les engagements que j’avais pris avec les joueurs qui étaient présents, qui avaient fait cette campagne pré-olympique qui était déterminante. Sans eux on n’allait pas aux Jeux, il faut le rappeler. Et l’engagement que j’avais pris c’est que s’ils étaient performants, ils iraient jusqu’au bout. Donc j’ai considéré que de ne pas respecter cet engagement, c’était un peu les trahir. C’est la raison principale de ce choix.