Après le retrait de Valenciennes, plusieurs clubs ont bâti des équipes capables de mettre à mal la suprématie du Bourges Basket et ses 13 titres de champion de France.
Le clasico Bourges-Valenciennes cessa en 2008 faute de combattantes nordistes. Un temps Tarbes, solidement enraciné dans le paysage de la LFB, pris le relai défiant Bourges à trois reprises en finale pour en gagner une en 2010. Sur les dernières années, on a observé la montée en puissance de quatre clubs capables de plus ou moins ébranler la suprématie berruyère : Lattes-Montpellier, Villeneuve d’Ascq, Basket Landes et Charleville.
Comme son nom l’indique, le Basket Lattes Montpellier Méditerranée Métropole Association est situé sur la commune de Lattes (16 000 habitants) dans la banlieue de Montpellier. Le club de l’Hérault a franchi un cap décisif avec l’arrivée du coach Valéry Demory et de son fidèle adjoint Guy Prat. Trois fois (2008, 2012 et 2013) le BLMA est parvenu en finale. Trois fois Bourges l’a empêché de graver son nom sur le trophée. Mais les Lattoises sont persévérantes et la quatrième tentative, en 2014, fut la bonne.
Il aura fallu dix saisons au club de Gaëlle Skrela pour enfin décrocher le Graal. La bête noire était vaincue : « L’année dernière, ça été très difficile de terminer premières de la saison, de gagner à Bourges en finale et de perdre ensuite deux fois chez soi », commenta alors la capitaine. « Avec le recul, on peut dire que ça nous a peut-être permis d’acquérir l’expérience nécessaire pour s’imposer là-bas cette année. Même si ce n’était pas en phase finale, ça faisait quelques années que l’on battait Bourges, on savait qu’elles n’étaient pas imbattables. »
Cette consécration, le BLMA l’obtint lors de la troisième manche à Bourges, ce qui fit qu’elles fêtèrent l’évènement… sur l’autoroute.
« On est revenu en minibus, donc on n’était pas toutes ensemble, cinq heures de route, c’est un peu long. On s’est arrêté sur des aires d’autoroute, on a chanté et dansé, et les chauffeurs de camion qui dormaient devaient être contents ! C’est dommage de ne pas pouvoir partager ces moments-là avec les gens du club, mais c’est bien aussi de les vivres à quatorze ou quinze… »
Deux ans plus tard, Lattes-Montpellier récidiva. Toujours face à Bourges. Mais cette fois le match décisif se tient dans sa salle et les joueuses purent communier avec leurs supporters.
Villeneuve d'Ascq a pris le relai
Le face-à-face Bourges - Villeneuve d’Ascq est plus récent mais tout aussi vivace. Fait unique, il s’installa même en 2016 au sommet de l’Eurocoupe. Et les Tango chipèrent aux Villeneuvoises le trophée gagné l’année précédente
« On est encore très loin de la rivalité entre l’USVO et Bourges », affirmait le coach Frédéric Dusart à cette époque. « En féminines, la rivalité est plus sur les dernières années entre Bourges et Montpellier. C’était la première fois que l’on a atteint la finale l’an dernier. Il ne faut pas oublier qu’en décembre 2012, on était dernier du championnat avec deux victoires et si je ne gagnais pas à Charleville, j’étais viré ! Il y a trois ans jour pour jour, on parlait de Ligue 2, pas d’Euroligue, et on prenait des cartons contre Bourges. D’ailleurs à cette époque, ce sont les trois équipes du Nord, Arras, Saint-Amand et nous qui étions derniers. Il ne faut pas aller plus vite que la musique. Si un jour il y a une rivalité Bourges - Villeneuve, c’est qu’on les aura jouées cinq fois en finale. »
Peut-être, mais l’ESBVA a déjà franchi un échelon majeur en étant Champion de France au printemps dernier. Même si c’était contre Lattes Montpellier qui avait écarté Bourges en demi-finale.
Deux clubs le nez à la fenêtre
Le projet de rassembler dans un même club les plus beaux talents du département des Landes ne date que de l’an 2000 et les racines étaient alors à Eyres-Moncube, petit village de 350 habitants. La N2, la N1, le passage à Saint-Sever, la montée en Ligue, la coupe d’Europe, le repli sur Mont-de-Marsan, tout cela est arrivé si vite… « Le sportif nous a porté sans arrêt avec une progression rapide et constante au classement, mais pas au-delà des moyens financiers du club », expliqua un jour Pierre Dartiguelongue alors président.
L’autre caractéristique de Basket Landes, c’est ce sens de la fête qui fait communier joueuses et public. Le président parlait alors de « soirées bouillantes » après les victoires. Cela fait partie de l’ADN du basket landais, mais n’interdit pas l’exigence du professionnalisme du XXIe siècle. L’arrivée l’année dernière de Céline Dumerc a donné un coup de projecteur supplémentaire à ce club atypique.
Les Flammes Carolo de Charleville-Mézières, ont aussi leur meneuse emblématique, Amel Bouderra. Avant de devenir deux fois MVP de la Ligue Féminine, en 2016 et 2017, Amel a accompagné la montée en puissance du club des Ardennes sur une décennie. « Je l’ai vu grandir, évoluer. C’est surtout que même en Ligue 2, on a toujours eu un public très fervent. C’est un club qui n’a jamais vraiment changé dans son côté familial. Même s’il s’est professionnalisé, il a gardé ses mêmes bases humaines. »
Les Flammes pourraient elles aussi parvenir rapidement en finale du championnat. Depuis qu’elles ont investi la Caisse d’Epargne Arena, elles ont atteint une dimension supérieure en externe comme en interne. « On avait un peu peur en partant de Bayard qui était vraiment notre chaudron, mais là on fait des matches à 2 500 personnes. »
Et ce n’est pas un petit exploit d’être parvenu à faire de la ville une terre de basket féminin quand on connaît la longue histoire du basket masculin à Charleville-Mézières.